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Inaptitude : droits du salarié face à l’obligation de reclassement de l’employeur

19/11/2024
Me Lucille Boirel, avocat en droit du travail à Lyon revient sur les conséquences d'une inaptitude médicale du salarié constatée par le Médecin du travail, laquelle implique une obligation de recherche de postes de reclassement pour l'employeur.

Lorsqu’un salarié est déclaré inapte par le médecin du travail, il se retrouve dans une situation incertaine où ses droits doivent être soigneusement protégés. La législation impose à l’employeur une obligation de reclassement pour tenter de maintenir l’emploi du salarié. Cependant, cette démarche n'est pas toujours respectée, ou elle peut être mal mise en œuvre. Me Lucille Boirel, avocat en droit du travail à Lyon vous éclaire.

Comprendre l’inaptitude et ses conséquences pour le salarié

La notion d’inaptitude

L’inaptitude médicale est constatée par le médecin du travail lorsque le salarié est jugé incapable de continuer à exercer son poste. Elle peut être d’origine :

  • Professionnelle : liée à un accident du travail ou à une maladie professionnelle ;
  • Non professionnelle : résultant d’un problème de santé extérieur au travail.

Cette inaptitude peut être totale (aucune activité professionnelle possible) ou partielle (nécessitant des adaptations ou un changement de poste).

Les droits du salarié dès la déclaration d’inaptitude

Une fois l’inaptitude constatée, le salarié bénéficie d’une protection spécifique.

Il conserve son contrat de travail jusqu'à la fin du processus de reclassement ou, le cas échéant, jusqu’à son licenciement.

L’employeur est tenu de lui verser son salaire tant qu'il n'a pas proposé de solution dans un délai d’un mois après la déclaration d’inaptitude, sous peine de poursuite du paiement.

L’obligation de reclassement : une garantie essentielle pour le salarié

Un droit au reclassement adapté

La loi impose à l’employeur de rechercher un reclassement dans l’entreprise ou le groupe auquel elle appartient.

Pour le salarié, cela signifie :

  • Une obligation d’adaptation : le poste proposé doit correspondre à ses capacités, telles que définies par le médecin du travail.
  • Une rémunération équivalente : sauf acceptation expresse du salarié, le reclassement ne peut entraîner une dégradation des conditions salariales.

Le salarié peut refuser un poste proposé s’il le juge inadapté ou s’il considère que ses conditions d’emploi se détériorent. Ce refus ne doit pas être interprété comme une faute ou un motif automatique de licenciement.

Le rôle du salarié dans le processus

Bien que l’obligation de reclassement incombe à l’employeur, le salarié peut jouer un rôle actif.

Il peut demander à consulter les propositions de reclassement faites par l’entreprise et vérifier leur adéquation à son état de santé.

En cas de doute sur les efforts réels de l’employeur, il peut solliciter le CSE (comité social et économique) ou même contester la procédure auprès du Conseil des prud’hommes.

Les cas d’échec du reclassement

Si aucun poste n’est proposé ou accepté, l’employeur peut engager une procédure de licenciement pour inaptitude. Toutefois, cette décision doit être justifiée par :

  • Une impossibilité avérée de reclassement ;
  • Le refus du salarié des propositions sérieuses faites par l’employeur.

Les recours en cas de manquement de l’employeur

Contestation de l’absence de reclassement

Un salarié qui estime que l’employeur n’a pas respecté son obligation de reclassement peut saisir le conseil de prud’hommes. Plusieurs manquements peuvent être invoqués :

  • L’employeur n’a pas effectué de recherche sérieuse et active de reclassement ;
  • Les propositions faites ne respectent pas les préconisations du médecin du travail ;
  • Le délai d’un mois n’a pas été respecté, entraînant un non-paiement du salaire.

En cas de contentieux, le juge examine si l’employeur a exploré toutes les possibilités de reclassement, y compris dans les filiales ou entités du groupe.

Licenciement abusif ou nul

Si le licenciement intervient sans respect de l’obligation de reclassement, le salarié peut demander :

  • La requalification du licenciement en licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec des indemnités compensatoires.
  • La nullité du licenciement, notamment si l’inaptitude résulte d’un manquement grave de l’employeur à son obligation de sécurité ou d’une discrimination

Perspectives et conseils pratiques pour les salariés

Être vigilant et informé

Face à une déclaration d’inaptitude, le salarié doit s’informer sur ses droits et vérifier que l’employeur respecte ses obligations :

  • Demander des échanges écrits sur les propositions de reclassement ;
  • Exiger les preuves des recherches effectuées par l’employeur.

Refuser des propositions inadaptées

Le salarié a le droit de refuser un reclassement qui ne respecte pas ses préconisations médicales ou qui constitue une dégradation de ses conditions de travail. Ce refus ne doit pas être interprété comme une rupture unilatérale du contrat.

Solliciter un accompagnement juridique

L’appui d’un avocat comme Me Lucille Boirel, avocat en droit du travail à Lyon et dans sa région (Saint-Etienne, Valence, Vienne, Bourg-en-Bresse, Grenoble, etc) peut être essentiel pour faire valoir ses droits, surtout lorsque le processus aboutit à un licenciement abusif.

N'hésitez pas, si vous êtes confronté à un licenciement pour inaptitude et impossibilité de reclassement à solliciter Me Lucille Boirel, votre avocat à Lyon, via son formulaire de contact ou directement au 04 81 68 45 34.